Dans sa nouvelle série Les Grandes entrevues, Amyot Gélinas, s.e.n.c.r.l. vous propose une entrevue réalisée avec Monsieur André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation.
La chaîne bioalimentaire et agroalimentaire a été ébranlée par la crise sanitaire des derniers mois. Victime collatérale de la pandémie, elle aura forcé des travailleurs à s’absenter et d’autres à quitter leur travail, et ce, en raison des restrictions imposées aux entreprises.
Ne serait-ce qu’au regard de la mise en marché des produits, l’impact sur la chaîne bioalimentaire et agroalimentaire a occasionné la fermeture quasi totale des hôtels, de la restauration, et des institutions puisque des 100% des produits consommés, 35% d’entre eux sont consommés ou distribués directement au travers de ces derniers.
Précipitamment, il aura fallu revoir le modèle d’affaires, le développer au moyen de beaucoup d’initiatives et d’efforts afin que (re)naisse un service déjà existant, mais dépourvu de place centrale au sein de l’industrie, soit le prêt-à-manger.
Mais jusqu’à quel point cette interruption aura-t-elle bousculé l’équilibre de la chaîne de production et de distribution?
«On parle d’un grand bouleversement. Du jour au lendemain, les commerces de détail ont été envahis par les consommateurs. Dans un contexte de fragilité de main d’œuvre, les augmentations de vente dans les supermarchés ont été de l’ordre de 30, 40, et même 60%, et c’est là que le déséquilibre s’est créé.», souligne le ministre l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, monsieur André Lamontagne dans une entrevue exclusive accordée au groupe Amyot Gélinas.
Multipliant parallèlement l’onde de choc aux autres maillons de la chaîne, les distributeurs habitués à des formats et à des quantités de produits destinés aux restaurants ont dû réviser, à leur tour, leur modèle d’affaires. Conséquemment, les berlingots de lait distribués dans les écoles ont fait face à un vide abyssal pendant le confinement, même si les enfants continuaient à boire du lait… mais à la maison. Les canaux de distribution de nourriture ayant emprunté la voie inattendue du télétravail, il a fallu se concentrer sur la redistribution des produits et des endroits de mise en marché, réviser les emballages et s’ajuster en temps réel devant les nouveaux comportements du consommateur.
La contribution de l’intelligence artificielle
Si les modifications des habitudes introduites par la pandémie ont fait exploser le commerce en ligne et la transformation numérique, les agriculteurs, eux, affichaient déjà ce côté innovant depuis longtemps. Véritable fourmilière ouverte à la modernité et à l’avancement technologique, le secteur agricole témoigne brillamment de son ascension dans l’intelligence artificielle. À commencer par les robots de traite.
«Cette transformation est présente à la grandeur du Québec. En fonction des modèles de traite (robots de traite), toutes les nouvelles fermes ou les investissements sont planifiés selon ce modèle. Ceci permet d’aider à la gestion de temps de l’agriculteur, mais ultimement d’assurer un contrôle plus optimal de la production.», mentionne le ministre.
De plus, la contribution du numérique au service des cultures de végétaux, en serre, de maraîchers et du contrôle de l’eau (taux d’humidité des sols) a crû, elle aussi, de façon exponentielle chez les agriculteurs et son utilisation en est grandement valorisée.
«Le ministère leur vient en aide grâce à des programmes à l’innovation» explique le ministre Lamontagne. «Ils sont encouragés au nom des 17 centres que l’on soutient financièrement et qui, par ailleurs, fédèrent de l’argent du fédéral, d’organismes privés et d’autres organisations afin d’amener des pratiques culturales, et d’élevage, à un niveau supérieur.»
L’achat local, plus que jamais
L’appel à l’achat local ne date pas d’hier et la crise telle que nous la vivons a finalement eu raison d’une inquiétude qui préoccupait l’industrie agricole.
«La grande préoccupation était la fracture entre les consommateurs et les producteurs. Vous savez, il y a 50 ans, dans les villages, quand tu allais à l’école, plus de la moitié de la classe était fils ou filles d’agriculteur. Avec les années, les gens sont devenus moins familiers avec le monde agricole.» souligne monsieur Lamontagne, «Quand la pandémie est survenue, les gens ont subitement pris conscience de leur importance et tout cela a rapproché les consommateurs des producteurs. Elle a ramené à l’avant-point toute la dimension essentielle de la chaîne agroalimentaire.»
Et la relève?
Créatifs, ultra-innovateurs, tels sont les mots employés par le ministre en ce qui a trait aux nouveaux exploitants du domaine bioalimentaire. Si beaucoup de jeunes âgés de 25 et 40 ans ne se lancent pas dans les pratiques courantes de l’élevage (lait, porc), ils observent dans le secteur maraîcher des produits de niche destinés à un marché distinctif. D’ailleurs, de nombreux Cégep, et institutions offrant des formations bioalimentaires débordent de demandes d’admission et les requêtes pour les formations continues agricoles explosent. Ajoutez à cela la parité hommes-femmes, on ne peut que conclure que la relève agricole se porte bien, plutôt très bien même.
«Nos programmes dédiés au soutien des nouveaux exploitants agricoles sont là pour les soutenir à affronter les grands défis de demain. On accompagne notre relève « top of the line ». Ceux et celles qui souhaitent exercer leur talent et occuper le territoire seront assurés d’évoluer dans un environnement où ils gagneront bien leur vie.» a conclu le ministre l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation.
À preuve, 19 nouveaux projets de fermes sont en cours en Abitibi. Du jamais vu.