Dans un contexte économique très compétitif, les propriétaires des PME ont besoin davantage des informations pertinentes leur aidant dans leurs processus de prise de décisions en vue d’améliorer leur chaine de valeur et d’accroitre leur agilité d’affaires
À ce sujet, M. Alain Dupont, propriétaire d’une PME œuvrant dans le secteur manufacturier desservant le marché nord-américain où elle commercialise son produit vedette, se demande depuis quelque temps, s’il devait lancer un nouveau produit ou consolider son marché en améliorant la rentabilité et la compétitivité de son produit actuel.
Pour répondre à ce genre d’interrogations, nous exposerons à travers quatre articles quelques concepts de la comptabilité de gestion en vue de permettre aux propriétaires et aux gestionnaires d’entreprises à se familiarise avec ces concepts ainsi qu’avec leur utilisation et leur utilité dans le processus de prise de décisions d’affaires relatives à l’abandon ou l’ajout de produits. Plus précisément, nous traiterons les concepts suivants :
- La structure de coûts d’entreprise et le concept du coût de revient;
- Les méthodes de calcul du coût de revient;
- Le concept de la rentabilité d’un produit;
- La prise de décision d’ajout ou d’abandon de produits.
Par ailleurs, à travers ce premier article, nous allons accompagner M. Dupont dans une réflexion sur les catégories générales de coûts de fabrication de son produit ainsi que sur le concept du coût de revient d’un produit. La connaissance du coût de revient des produits est essentielle pour fixer les prix de vente et analyser la rentabilité des produits. Les gestionnaires d’entreprises se réfèrent au coût de revient pour évaluer les différentes options qui s’offrent à eux pour optimiser ces coûts.
En règle générale, tel qu’il est illustré à la figure 2, les entreprises manufacturières considèrent les grandes catégories de coûts suivantes[1][2] :
Le coût des matières premières est composé du coût de toute matière qui entre dans la fabrication du produit et qui fait partie intégrante du produit fini. Toutefois, l’effort économique relatif à la détermination dudit coût doit être raisonnable, par exemple, les petits éléments tels que la colle ou les vis utilisées dans l’assemblage peuvent être catégorisés dans les matières indirectes ou de la fourniture qui figurent dans les frais indirects de fabrication.
La main-d’œuvre directe est composée de l’ensemble des coûts de main-d’œuvre de l’entreprise rattachée directement, de façon concrète et pratique, à la fabrication du produit. Il s’agit de la main-d’œuvre qui travaille directement, manuellement ou à l’aide des machines, sur la transformation de la matière première en produit fini. Ici encore, l’effort économique doit être raisonnable pour l’affectation du coût de la main-d’œuvre. Les matières premières utilisées et la main-d’œuvre directe constituent le coût de revient de base.
Les frais indirects de fabrication sont l’ensemble des coûts que l’entreprise a engagé dans la fabrication et qui ne peut être catégorisé comme de la main-d’œuvre directe ou de la matière première. À titre d’exemple[3] :
- Le coût de la main-d’œuvre indirecte tel que les salaires versés aux superviseurs, aux employés d’entretien des machines, aux employés de l’ingénierie et à tous les employés exerçant des activités connexes à la fabrication des produits. Nous pouvons aussi inclure à cette catégorie le temps mort ou le temps improductif, la majoration pour heures supplémentaires;
- Le coût des services associés à la fabrication tels que l’éclairage, le chauffage et la force motrice;
- Les avantages sociaux de la main-d’œuvre que l’employeur assume tels que les cotisations versées à l’assurance emploi, au régime des rentes du Québec, au régime québécois d’assurance parentale…
Les coûts hors fabrication qui sont composés des coûts associés à la commercialisation et au marketing ainsi que des charges administratives. En effet, ces coûts sont assumés pour obtenir des commandes de la clientèle, pour remettre les produits finis aux clients, pour la rémunération des cadres dirigeants et du personnel administratif, pour le matériel de bureau, pour l’amortissement des immeubles, etc.
Après cette brève présentation des différentes catégories de coûts de l’entreprise, M. Dupont est maintenant en mesure de déterminer le coût de revient réel de son produit pour l’exercice financier se terminant le 31 mars 2017, et aussi pour les deux semestres de ce même exercice. Les données réelles relatives aux activités de fabrication de son entreprise sont relatées dans le tableau ci-dessous :
Les coûts de revient unitaire réel calculé sont regroupés dans le tableau suivant :
M. Dupont se demande quel coût de revient unitaire réel calculé il devrait considérer pour prendre sa décision? Il s’interroge aussi s’il y a d’autres méthodes qui pourraient réduire ces variations.
En effet, nous constatons que le coût de revient unitaire réel complet établi au courant de l’exercice pourrait ne pas être significatif du fait qu’il présente des variations. Ces dernières sont causées essentiellement par les frais indirects de fabrication ainsi que la difficulté de définir quelles sont les charges incluses dans ces coûts.
Dans le prochain article, nous présenterons les différentes méthodes du calcul de coût de revient ainsi que le choix de la méthode la plus appropriée aux enjeux économiques de l’entreprise de M. Dupont.
Nos références:
[1] Réjean Brault et Pierre Giguère, Comptabilité de management 5ème édition, 2003
[2] Garrison et al., Fondement de la comptabilité de gestion, 2ème édition, 2010
[3] Réjean Brault et Pierre Giguère, Comptabilité de management 5ème édition, 2003